Bande de bouffons
“Au-dessus de la loi de Dieu, la loi des mines”
Jean-Philippe Lehoux a écrit cette pièce qui a été jouée à partir du 17 janvier 2020 un peu partout à Montréal et à Rouyn-Noranda par la suite. Bande de bouffons a été inspiré par la conférence d’Alain Denault intitulée Portrait du Québécois en colon dans laquelle “il évoque le sort de Malartic, ville abitibienne dont un quartier a été détruit en 2009 pour faire place à l’une des plus grandes mines d’or à ciel ouvert du Canada.” P.9
La pièce porte donc sur le colonialisme, sur l’exploitation crasse du territoire sans aucune pensée pour les gens, les familles qui travailleront pour ces industries qui “claiment” les ressources du territoire. La pièce est jouée par des bouffons et il est très important de comprendre leur rôle, leur personnalité:
Le bouffon est un personnage difforme, laid, marginal. Au théâtre, quand on travaille – ce qui arrive rarement, soit dit en passant – on essaie de l’éloigner le plus possible du corps humain standardisé. Grâce à cette difformité, les humains lui octroient certains droits, dont celui de dépasser les limites, surtout s’il s’agit de se moquer du pouvoir.
– p. 11
Alors, cinq bouffons seront en scène pour tenter de faire ouvrir les yeux des spectateurs sur le colonialisme passé et, surtout, sur celui qui a encore lieu dans le Nord québécois.
Il s’agit d’une pièce sans censure où la liberté d’expression est totale. Le but est clair: faire voir clair aux Québécois afin qu’ils prennent conscience de l’exploitation qu’ils subissent. Malgré la lourdeur du sujet, Jean-Philippe Lehoux réussit souvent à nous faire rire. J’ai particulièrement aimé lorsque les bouffons incarnent le temps d’une réplique un personnage tel que Denise Bombardier ou Loco Locass. Pertinente, incisive, une pièce à lire ou, mieux, à aller voir!
- Auteur: Jean-Philippe Lehoux
- Maison d’éditions: Quartz
- Parution: 29 mars 2021
- Nombre de pages: 107
Vaste ciel suivi Des Eskers de beauté
Michel X Côté est un poète dont la réputation n’est plus à faire, récipiendaire de plusieurs prix, il écrit depuis de nombreuses années. Ce recueil de poésie raconte la beauté fragile de la nature, le fait qu’on ne la voit plus et qu’on devrait restaurer sa place essentielle à nos vies.
on ne sait plus
p. 31
faire confiance aux arbres
nous les condamnons à l’exil
alors qu’ils sont
l’essentielle habitation du monde
J’ai beaucoup apprécié ce recueil doux et beau, les illustrations insérées au milieu du recueil comme une offrande de plus. Il est indéniable que Michel X Côté sait manier les mots et faire en sorte qu’ils se rendent jusqu’à notre âme. Un recueil réconfortant à dévorer doucement.
Au coin de la rue
– p. 75
Les vêtements d’hiver
Me blessent les yeux
À la fin
Ce sont les os
Qui tressent
Les plus délicates dentelles
- Auteur: Michel X Côté
- Maison d’éditions: Quartz
- Parution: 1er novembre 2021
- Nombre de pages: 122
Crédit photo: Valérie Ouellet