Dans ce livre présenté comme une suite de missives entre deux amis, on est invité à en apprendre sur les réalités contemporaines des autochtones, mais aussi sur les responsabilités des allochtones. C’est un roman qui devrait être un incontournable pour toute personne cherchant à comprendre les défis parfois complexes des Premières Nations. Une amie me l’avait conseillé alors que je cherchais à mieux comprendre la dynamique de cette coexistence entre les peuples. Elle avait bien visé.
Natasha Kanapé Fontaine est une Innushkueu autrice, poétesse, artiste multidisciplinaire et militante des droits autochtones. Elle correspond à coups de lettres honnêtes et personnelles avec son ami Deni Ellis Béchard qui est lui aussi écrivain, mais issue d’une descendance allochtone. Des questions sont soulevées, des regards sont posés, des constats sont proposés. Avec une grande empathie et des émotions sincères, on en apprend sur les grandes blessures du passé, mais aussi sur le contexte sociétal et politique qui ont mené à des tragédies qu’on ne doit jamais oublier. On y aborde les atrocités des pensionnats, le génocide culturel, les tentatives d’assimilation, la crise d’Oka, mais aussi des sujets récents comme les élections américaines, Black Lives Matter et les Wet’suwet’en.
La correspondance se fait aussi avec espoir et apprentissage. On y découvre l’importance de la famille dans les cultures autochtones, mais aussi la poésie dans le langage et le lien primordial et fondamental unissant les Premières Nations à la nature. Au gré des pages, on comprend que le chemin de la réconciliation des peuples passe par le dialogue, la reconnaissance du passé et le respect de tous et chacun.
On réalise aussi par l’authenticité du texte que les défis de l’incompréhension et le choc des cultures est quelque chose qui est toujours d’actualité. Chaque correspondance est de quelques pages seulement et on sent qu’il y a un cheminement, une progression mentale entre chaque nouvel écrit. Le lecteur se sent aussi davantage impliqué et connecté dans les émotions partagées. Le sujet est parfois tabou dans notre culture québécoise et canadienne, mais les auteurs montrent que ces blocages et ces appréhensions sont des barrières qu’on se doit de détruire. Par leurs textes, on est invité à s’ouvrir à un dialogue honnête, franc et humaniste. Le lecteur pourra ressentir la tristesse, la colère et la frustration, mais aussi l’espoir, l’amour de l’autre et la volonté de trouver un chemin vers la convalescence, aussi difficile cela puisse être.
Le vivre-ensemble est un objectif qu’on se doit de tous avoir. Tenter de comprendre les autres est un devoir essentiel et important. Ce livre est un premier pas.
- Auteurs-rices : Deni Ellis Béchard et Natasha Kanapé Fontaine
- Date de parution : février 2021
- Maison d’édition : ECOSOCIETE
- Nombre de pages : 184
Crédit photo : Nic Dusmenil
