Gagnant du Prix Littéraire des Collégiens 2019, ce livre trouve son rythme dans les aventures parfois simples du quotidien, où le lecteur plonge dans la vie d’un jeune adulte prisonnier de sa solitude, de sa maladie et de son manque de confiance en soi. Présenté de cette manière, le roman peut sembler décourageant, mais par une écriture précise et sans complexe, on s’attache rapidement au personnage. On se retrouve dans sa tête, exposés à de multiples péripéties banales, à une franchise désarmante et à un humour réconfortant. L’imagination de l’auteur est saisissante et par des phrases courtes et bien positionnées, on passe de la mélancolie au rire en un instant.
Le protagoniste est atteint de fibrose kystique et, possiblement, de dépression. Il a de la difficulté à trouver son chemin et ne semble avoir de réconfort que dans les histoires qu’il s’invente. Pourtant, cette vulnérabilité particulièrement sincère est attachante. Par la qualité de l’écriture presque poétique, on en vient à s’associer à sa condition, mais on ne s’y sent pas aspiré. C’est une fine ligne sur laquelle l’auteur navigue avec beaucoup de doigté. Aussi curieusement que cela puisse paraître, sa douleur de vivre se présente avec humour. On a envie qu’il trouve un amour plus qu’éphémère, on a envie que sa santé s’améliore, on a envie qu’il s’accorde plus d’estime personnelle. Pourtant, on avale les pages sans le réclamer. On se laisse mener par les aléas de son quotidien et on l’accepte, parce qu’on réalise que c’est peut-être ce que notre voisin est en train de vivre. On l’accepte aussi parce que c’est un rappel que vivre sans maladie grave est un privilège qu’on se doit d’apprécier et de chérir.
C’est, au bout de la ligne, un roman qui appelle à la compassion (pas à la pitié) et qui partage des émotions bien humaines que nous expérimentons tous à différents niveaux. C’est un roman décrit à juste titre comme hors norme, mais qui reste tout à fait recommandé!
- Auteur: Jean-Christophe Réhel
- Maison d’éditions: éditions DEL BUSSO
- Parution: septembre 2018
- Nombre de pages: 284
Crédit photo: Nic Dumesnil