Ophélia a 7 ans et elle a récemment perdu la vue. Elle craint de perdre ses couleurs. Ce concept, pour elle, ne veut presque plus rien dire, mais son grand frère, Raphaël, l’aidera à retrouver ces couleurs perdues, une à une, en les associant à des souvenirs, à des émotions, à quelque chose de tangible et signifiant.
Le jaune devient soleil, sucre, fruits, câlins. Le jaune devient rires, découvertes, défis. Le jaune devient crème glacée en marchant près de l’eau.
– p. 17
La plume de Sarah Ménard nous transporte avec douceur dans le monde d’Ophélia sans dramatiser la situation, mais plutôt en illustrant la magnifique relation frère-sœur qui est la grande source d’inspiration de cette histoire. Une teinte de poésie transparaît dans les descriptions évocatrices qui aideront Ophélia à renouer avec les couleurs et même si sa cécité est le déclencheur de cet album, c’est vraiment la présence bienveillante et réconfortante de Raphaël qui vole la vedette.
Avec Raphaël, le noir est moins présent. On peut battre tous les monstres!
– p. 25
Les illustrations de Charlotte Rudelle sont vibrantes; la couleur dont il est question prédomine les deux pages, avec seule la chevelure rousse d’Ophélia qui lui fait contraste. C’est un bel album qui suit dans la lignée de La couleur des émotions d’Anna Llenas et Dis-moi pourquoi on pleure de Fran Pintadera. Ce type de livre suscite les discussions en provoquant des réactions émotives aux personnages et à leur vécu. Les plus petits aimeront les pages colorées et seront curieux de la différence d’Ophélia, tandis que les plus vieux travailleront leur empathie en s’imaginant la situation de la petite héroïne et en s’inspirant du soutien affectif de son grand frère.
Somme toute, c’est un premier ouvrage fort prometteur du duo Ménard-Rudelle qui nous donne déjà le goût de découvrir ce qui suivra.
- Autrice: Sarah Ménard
- Illustratrice: Charlotte Rudelle
- Éditions: Isatis
- Date de parution: 2022
- Nombre de pages: 40 pages
Crédit photo: Vanessa Gragnani