Changer d’école n’est jamais facile. Ce l’est encore moins lorsque notre nouveau milieu ne nous ressemble pas. Je vous propose deux livres pour ados et pré-ados qui présentent des personnages issus de la diversité qui se voient confrontés à des milieux inhospitaliers à leurs égards.
Fab : La recrue
d’Émilie Ouellette
Fabiola apprend que ses mères se séparent. Si ce n’était pas assez, les deux déménagent à des milles à la ronde. Elle doit se résoudre à vivre six mois chez l’une et six mois chez l’autre. Lors de la rentrée scolaire à Rouyn-Noranda, Fab qui rêvait d’un programme de création littéraire doit intégrer le parcours d’improvisation. Si ce n’était pas assez, elle devient la cible de Daphné et de ses acolytes.
Avec ce nouveau roman, on retrouve la drive et l’humour d’Émilie Ouellette. Bien que l’on parle de sujets sérieux, voire tristes, (divorce, intimidation, et/ou racisme), le tout est fait avec une certaine douceur. Ceci est en partie dû à l’écriture de l’autrice. On perçoit beaucoup de bienveillance de la part de cette dernière envers son personnage (les remerciements vous expliquent un peu pourquoi). Fab vit des moments difficiles, mais l’autrice a su bien l’entourer. Il y a sa meilleure amie qui, malgré la distance, lui procure réconfort et sécurité. Il y a ses mères, différentes l’une de l’autre, qui lui permettront de mieux s’accepter et de se comprendre. Et puis, il y a l’improvisation qui lui donne une voix. Une voix qui en a beaucoup à dire.
Ce roman est intéressant, car la diversité y occupe une place de choix. L’homoparentalité y est abordée dès le départ. Bien que ce ne soit pas le sujet principal, on comprend que Fab (et ses mères) a déjà eu à combattre les préjugés. Être une élève métissée dans un milieu majoritairement blanc sera une autre épreuve pour l’adolescente. Fab est un beau personnage qui, au fil du roman, devient de plus en plus assumée. J’espère avoir la chance de la suivre encore… dans sa nouvelle école.
- Éditeur : Petit homme
- Date de parution : avril 2021
Le nouveau
de Jerry Craft
Jordan rêve d’intégrer une école d’art, mais, pour le moment, ses parents ont d’autres plans. C’est pourquoi il débute des études dans une prestigieuse école des riches quartiers new-yorkais. Jordan ne s’y sent pas chez lui et c’est compréhensible quand on est l’un des seuls élèves racisés dans une école remplie d’idées préconçues.
Jerry Craft vise juste. Il parle du racisme quotidien, celui qu’on retrouve masqué dans les moqueries, mais qui demeure destructeur. Je ne compte plus le nombre de fois où ma mâchoire a failli décrocher en lisant les propos de certains personnages. Je pense à cette enseignante qui confond les prénoms de tous les élèves noirs. Je pense à l’étonnement des élèves en apprenant que celui qui a besoin d’aide financière est blanc. Comme si les problèmes financiers n’étaient la réalité que des personnes racisées. Et j’en passe!
Cette bande dessinée est bien conçue. Jerry Craft utilise l’humour, mais cela n’enlève en rien à la puissance du récit. On y parle d’intégration, de privilèges, des classes sociales, de racisme, mais aussi d’amitié. C’est un livre qui fait sourire et grincer des dents à la fois.
- Éditeur : Scholastic
- Date de parution : septembre 2021
Deux livres intelligents et essentiels qui démontrent ne serait-ce qu’une infime partie de la réalité d’adolescent.es racisé.es nouvellement arrivé.es dans une école secondaire qui ne reflète pas leur image.
Crédit photo : Noémie Philibert-Brunet