La région montréalaise regorge de librairies-cafés où il est possible de se perdre dans les rayons avant de s’évader devant un thé, livre à la main. Or, ces lieux partagent une lacune de taille pour l’étudiante en études féministes que je suis. Bien que j’adore naviguer entre les rayons d’une librairie à la recherche de mon prochain coup de cœur, l’absence de mise en valeur de la littérature féministe, postcoloniale, LGBT ou queer limite les possibles. Quelques tablettes dans un coin reculé d’une librairie, voire quelques titres perdus dans des sections diverses : telle est la réalité des écrits féministes dans une majorité des librairies montréalaises. Face à cette absence de valorisation et promotion de la pensée féministe au sein du milieu littéraire, et des difficultés rencontrées lors de la recherche de titres précis, cinq passionnés de la littérature ont fondé le projet L’Euguélionne, une librairie résolument féministe couplée d’un espace café où il sera possible de débuter la lecture des titres nouvellement acquis. Toutefois, précise Nicolas, l’une des personnes fondatrices de l’Euguélionne, il s’agit d’abord d’une librairie, et l’espace café se veut un complément afin de créer une expérience globale de lecture : « Il s’agit de créer un espace qui n’est pas juste un passage, mais un espace d’échanges et de discussions, ce que favorise l’espace café ». Plus encore, il s’agira de créer un tout organique entre l’espace café et l’espace librairie, afin de faire cohabiter les deux lieux sans créer de division marquée. Librairie féministe, lieu de rencontre, futur espace d’exposition, L’Euguélionne se veut un espace dynamique d’échanges, de découvertes et de réflexions où le terme « féministe » est pris au sens large et inclusif. Située dans Centre-Sud, cette librairie de quartier mise sur l’achalandage autour de son emplacement et l’organisation d’activités variées pour se faire connaître d’une part, mais surtout pour mettre en valeur la pensée féministe, postcoloniale, LGBT et queer à travers la littérature, mais également à travers d’autres moyens de communication. C’est à partir de la fin novembre 2016 que L’Euguélionne viendra pallier un manque en terme d’accessibilité de la littérature féministe à Montréal tout en favorisant les échanges et permettant de nouvelles découvertes. Un lieu qui deviendra très certainement une référence en études féministes.
Dans l’attente de l’ouverture de L’Euguélionne, Nicolas nous suggère trois ouvrages à découvrir :
- Femmes de la Rive Gauche Paris 1900-1940, par Shari Benstock (Éditions des Femmes, 1987)
- Susceptible, par Geneviève Castrée (Édition L’Apocalypse, 2012)
- Les souffrances invisibles : Pour une science du travail à l’écoute des gens, par Karen Messing (Ecosociété, 2016)
Crédit photo: Andréanne Bissonnette