Cet automne, Larry Tremblay, connu surtout pour L’orangeraie (mais aussi auteur d’une multitude d’œuvres aussi époustouflantes que sa plus populaire) nous offre un septième roman : Le deuxième mari.
Le roman suit Samuel, un homme forcé de se marier à une femme qu’il n’a jamais vue. Sa famille échange sa main à Madame contre une bonne somme d’argent dont le ménage semble avoir vraiment besoin. Nous apprenons ensuite que Samuel est le deuxième mari de sa femme, mais qu’elle est encore mariée avec le premier. En fait, il habite avec elle. Samuel se retrouve donc dans un mariage forcé polygame où il doit, en tant qu’homme, jouer un rôle muet et discret, comme la société le veut. Samuel tente de trouver une place dans ce monde où il n’est pas le bienvenu.
Vous aurez rapidement compris que les couches de cette dystopie sont multiples. Cet intéressant exercice rend le roman pluridimensionnel. Tremblay nous montre que les injustices complexes sont souvent reliées à d’autres. Aussi, en échangeant le rôle opprimé historiquement associé aux femmes contre celui d’un homme, l’auteur crée une distance favorable à l’appréciation de l’œuvre. Le récit n’est pas larmoyant, ni victimaire. Au contraire, on se retrouve plus dans les eaux calmes et cyniques de La servante écarlate.
Tremblay nous amène souvent dans des zones inconfortables, et c’est sans doute ce qui fait son succès. Le deuxième mari jongle avec la famille, la trahison, le mariage forcé, la polygamie, le sexisme et l’oppression sans tomber dans la dramatisation excessive. L’auteur a réussi à inventer avec brio un drame en racontant le quotidien.
- Auteur : Larry Tremblay
- Éditions : Alto
- Date de parution : septembre 2019
- Nombre de pages : 144 pages
Crédit photo : Patrice Sirois