Vous pouvez vous éloigner, vous pouvez couper les ponts, fermer le robinet, tenter d’oublier que vous avez un fils, vous ne pourrez jamais anéantir cette douleur, elle sera toujours en vous.
Anna est couturière. Il y a 44 ans, elle a mis au monde Arnaud, qu’elle a élevé dans l’amour et la tendresse, entre soupers de famille, voyages à Paris et festivités entre ami.e.s. Avide de liberté, Arnaud se porte à la défense des plus démuni.e.s, depuis son plus jeune âge. Porté par des sentiments de tendresse et de solidarité, il s’offusque face aux injustices.
Mais derrière les sourires, les rires et les moments fugaces se cachent un lourd secret, un drame qui tenaille Anna, incapable d’en accepter les circonstances et les conséquences. C’est qu’Arnaud vit dans la rue. Toxicomane, il a fait plusieurs tentatives de suicide et s’éclipse, des mois durant, de sa réalité.
Les soirs de grand froid, c’est l’angoisse qui la suffoque. Les solutions qu’elle invente, met en place s’avèrent tristement inutiles. La culpabilité la ronge, les questions sans réponses la tourmentent. Elle se sent coupable, impuissante, désarçonnée. Ses solutions ne fonctionnent pas ; la vie d’Arnaud n’est pas la sienne. Elle doit le laisser vivre, agir, comprendre. Elle doit le laisser choisir sa voie. Le laisser être dans ce qu’il veut être. Mais « comment faire le deuil d’un enfant vivant » ?
Anna et l’enfant-vieillard, c’est l’histoire d’une mère tourmentée par la vie qu’a choisi son fils. C’est l’histoire d’un tabou, d’une douleur. C’est l’histoire d’Anna, mais aussi de Francine Ruel qui elle aussi, a un fils sans-abri. Ce roman est un cri du cœur. Un moyen d’exprimer les sentiments qui l’étreignent, qui l’essoufflent. Utiliser les mots, la littérature pour cheminer, mais aussi pour faire prendre conscience de ces réalités, ces histoires trop peu abordées. Ces souffrances silencieuses et ces incompréhensions, ces doutes et ce désespoir.
Le rythme y est lent, répétitif. Les phrases, courtes. Les chapitres, encore plus. Comme si l’attente et la douleur n’ont que peu de mots. Et n’ont pas de fin.
- Autrice : Francine Ruel
- Éditions : Libre-Expression
- Date de parution : 2019
Crédit photo : Mylène de Repentigny-Corbeil