Dans L’œil soldat, le dramaturge et auteur de L’orangeraie Larry Tremblay raconte l’histoire d’un jeune homme qui, à cause d’un pacte avec le diable, se retrouve soudainement soldat au milieu de toutes les horreurs de la guerre. L’auteur mélange poésie et narration dans ce nouvel ouvrage surprenant. Le récit poétique est un style de plus en plus à la mode et il est évident qu’il sied très bien à Larry Tremblay.
À travers des vers décomplexés, Tremblay utilise le narrateur pour nous décrire l’indescriptible. En lisant l’œuvre, on est souvent surpris à quel point des mots simples peuvent mettre le doigt précisément sur des sentiments enfouis profondément. C’est sans aucun doute la principale qualité de la plume de Tremblay.
«Je trouve une porte
entre mon cerveau
et celui d’un enfant
Il n’est pas né
il me dit
dans sa langue
de matière cérébrale
que j’aurais pu
être lui»
– L’œil soldat p. 44
L’auteur pousse même l’aventure un peu plus loin et réfléchit sur les conséquences des déchirures que provoquent les conflits mondiaux. On reconnaît alors dans L’œil soldat une essence semblable à L’orangeraie.
«nous aimons nos dieux
plus bêtes que nous
plus froids que nos haleines
plus tranchants que nos serments
plus aveugles que nos pas
sur le chemin de la détestation»
– L’œil soldat, p. 68
Existe-t-il des mots suffisants pour l’indicible ? Il est assez audacieux de tenter de répondre à cette question avec de la poésie. Voilà tout le génie de Larry Tremblay.
- Auteur : Larry Tremblay
- Éditions : La Peuplade
- Pages : 77 pages
- Date de parution : février 2019
Crédit photo : Patrice Sirois