On aime tous jouer les avocats du diable, mais comme nous le rappelle ce livre, cette expression tire son origine d’une réelle fonction ecclésiastique. C’est précisément celle qu’exerce le personnage principal de cette oeuvre – Michele Archenti – que nous suivons dans sa difficile mission.
Fraîchement débarqué à Crémone, en Italie, pour enquêter sur la vie d’un certain Don Fabrizio, Archenti doit mesurer l’étoffe des miracles que lui attribue la population locale. Alors qu’il arrive habituellement à cerner aisément les failles des candidats à la canonisation, il s’avère incapable de déboulonner les mythes entourant l’étonnant Don Fabrizio.
Revisitant l’Italie du 18e et du 19e siècle, Mark Frutkin nous plonge tantôt dans la tête d’un prêtre alchimiste fasciné par la pierre philosophale, et tantôt dans la tête d’un jésuite revêche qui s’attaque à la tâche impossible de nommer le vrai du faux dans un monde qui n’a pas beaucoup de prise avec le réel.
Tout comme ce jésuite, le lecteur se laisse peu à peu gagner par la fable de Frutkin et finit par s’attacher à tous ses personnages, en particulier les plus invraisemblables, dont ce drôle de hère qui traîne sur son épaule le squelette de son frère depuis la nuit des temps.
Pour mieux comprendre l’inventivité de ce roman, en voici un extrait :
Les gens aiment à parler des miracles de Fabrizio Cambiati. Cela donne un éclat à leur vie; cela illumine leurs jours. Ils affirment que sa main gauche étincelait et diffusait des rayons lumineux, que les cierges de l’église s’allumaient sur son passage. Un jour, dit-on, il priait dans la cathédrale et le Christ serait descendu de la croix pour lui prendre la main. Il avait fallu quatre hommes forts pour desserrer la poigne du Sauveur. ( p. 28 )
- Auteur : Mark Frutkin
- Nombre de pages : 395 pages
- Éditeur : Alto
- Publié en 2017 (traduction française de Fabrizio’s Return)
Crédit photo : Vicki Milot