Originaire du Liban, Dimitri Nasrallah est un Montréalais connu surtout pour son puissant roman Niko. Cet automne, La Peuplade nous offre une traduction de son troisième roman, Les Bleed.
L’histoire se déroule dans un pays fictif nommé le Mahbad. La dynastie Bleed y règne depuis la création du pays. On assiste à la descente aux enfers des deux Bleed encore vivants alors qu’une crise politique entoure les récentes élections.
Le récit est composé de trois narrateurs principaux : Mustafa Bleed, ancien président, Vadim Bleed, président actuel et fils de Mustafa ainsi que la presse. Le point de vue sur un événement s’avère donc varié et cette vision panoramique de la crise rend la lecture extrêmement intéressante. Nasrallah humanise des tyrans en nous faisant comprendre leurs intentions et leur vision des choses, mais nous ramène sur terre avec des articles de journaux ou des billets de blogues.
Pas besoin d’adorer la politique pour adorer le roman. L’histoire est écrite avec une plume cynique baignant allègrement dans l’humour noir. On décrit les dirigeants comme état des êtres déconnectés de la réalité qui magouillent sans honte avec la communauté internationale. Par exemple, alors qu’une minorité ethnique est lésée par la majorité, le président fait la fête en exil et assouvit sa passion de course automobile.
Le roman nous fait réfléchir aux motivations et aux agissements des classes politiques qui disent vouloir notre bien. On se met à se demander si notre bien ne serait pas d’abord le leur. Car ce qui est génial avec Les Bleed, c’est que ça se passe dans un pays fictif qui pourrait sans problème être n’importe quelle nation actuelle.
- Auteur : Dimitri Nasrallah
- Date de parution : 27 août 2018
- Éditeur : La Peuplade
- ISBN : 9782924898109
Crédit photo : Patrice Sirois