Perdu entre les dystopiques Margaret Artwood et autres Bradburry, L’île du point Némo est une véritable bouffée d’oxygène… assez acidulée. Entre deux références à Jules Vernes, Stevenson, Doyle et bien d’autres, le roman navigue dans les eaux foisonnantes de l’imagination de son auteur, et c’est avec un plaisir nostalgique que j’ai retrouvé un monde d’inventions loufoques, toutes plus extravagantes les unes que les autres, sans que l’on puisse réellement les dater : à la fois assez science pour être imaginables, tout en étant suffisamment fiction pour savoir qu’elles n’existeront probablement jamais, comme de retrouver un futur passé délaissé qui me plaisait tant chez Jules Vernes.
L’intrigue principale est assez simple : un diamant inestimable, l’Anankè, a été dérobé, pendant que 3 pieds droits, chacun chaussé d’une basket de marque… Anankè apparaissaient à trois endroits du littoral anglais. Une équipée hétéroclite composée d’un dandy opiomane, d’un détective du nom de Holmes ainsi que son surprenant acolyte se met donc en tête de le retrouver, bientôt rejoints par Lady MacRae, sa fille et toute une cohorte de personnages excentriques. S’ensuit un périple haletant à travers une automobile revisitée, le transsibérien, un ballon dirigeable puis un voilier. Le tout parsemé de passages d’abord complètement déconnectés et apparemment absurdes, qui donneront naissance à une mise en abyme déconcertante.
C’est un monde parfois oppressant que l’auteur met en scène, mais jamais sans une pointe de poésie, de rocambolesque, de délirant. En un mot, c’est un tourbillon de fragments épars d’espoirs ironiques, de réflexions sur l’imaginaire et la littérature, l’écologie et le confort, la surveillance anonyme… mais qui à chaque instant captive et fascine.
- Auteur : Jean-Marie Blas de Roblès
- Nombre de pages : 458 pages
- Date de parution : 2 septembre 2014
- Éditions : Zulma
Crédit photo : Paul Lorentz