L’étranger est le roman qui m’a fait découvrir l’auteur, dramaturge et philosophe qu’est Albert Camus. C’est une œuvre qui m’a beaucoup fait réfléchir et qui m’a inspiré d’une façon très particulière, qui a su me toucher d’une main plus ferme mais beaucoup plus unique que mes autres lectures l’avaient fait. En attendant de m’attaquer à La Peste, qui est sur la liste des romans que je convoite, et à travers mes études sur l’existentialisme bien particulier (et connu pour être opposé à celui de Sartre) de la figure qu’est Camus, j’ai eu la chance d’aller voir une de ses œuvres les plus reconnues : sa pièce de théâtre Caligula.
Caligula, empereur romain ayant fuit pendant trois jours et trois nuits après la mort de la femme de sa vie, Drusilla, qui était également sa sœur, revient finalement au royaume, complètement changé. Il n’a qu’un désir : décrocher la lune. À travers la pièce, nous sommes témoins, comme un reflet du peuple romain, de la déchéance de cet homme puissant et ô combien cruel : obsédé par l’idée de liberté absolue, il en viendra à en torturer et tuer tous et toutes autour de lui, armant toutes ses forces pour nier la force de la vie. Ce qu’il n’aura la chance de comprendre qu’avant sa mort, c’est qu’on ne peut vivre sans les autres, c’est que nous ne pouvons être libres seuls.
Caligula, présentée au Théâtre du Nouveau Monde du 14 mars au 8 avril, et en prolongations du 9 au 14 avril, est mise en scène par René Richard Cyr, et comprend une large distribution, avec en tête d’affiche l’infatigable Benoît McGinnis. Transposés dans une époque moderne, emmurés de noir (scénographie lucide et minimaliste de Pierre-Étienne Locas), les personnages sont habillés sobrement et proprement. Dans un jeu linéaire et drastiquement simple, la rude catharsis de l’empereur opère devant nos yeux.
De façon générale, j’ai trouvé que la mise en scène épurée et les costumes propres faisaient ressortir le jeu des acteurs. Mes coups de cœurs demeurent bien évidemment Benoît McGinnis dans le rôle de Caligula, mais aussi Étienne Pilon en fervent Cherea, ainsi que le choix des décors faisant encore plus éclater la puissante oppression subie par les personnages.
Si vous comptez aller voir la pièce, intellectuelle et philosophique, je vous conseille toutefois fortement d’en lire son texte d’abord, puisqu’on peut tout y percevoir : le talent, la sagesse et la force monumentale d’Albert Camus.
- Mise en scène : René-Richard Cyr
- Distribution : Chantal Baril ; Éric Bruneau ; Louise Cardinal ; Normand Carrière ; Jean-Pierre Chartrand ; Sébastien Dodge ; Benoît Drouin-Germain ; Milène Leclerc ; Jean-Philippe Lehoux ; Macha Limonchik ; Benoît McGinnis ; Étienne Pilon ; Denis Roy ; Rebecca Vachon
- Assistance à la mise en scène et régie : Marie-Hélène Dufort
- Décors et accessoires : Pierre-Étienne Locas
- Costumes : Mérédith Caron
- Éclairages : Erwann Bernard
- Musique originale : Michel Smith
- Maquillage et coiffures : Angelo Barsetti
Crédit photo : TNM