Moira-Uasteskun Bacon fait partie de Pekuakamiulnuatsh, la nation des Innus de Mashteuiatsh. Elle a publié l’excellent Envole-toi, Mikun, son premier roman jeunesse aux éditions Hannenorak en 2023. Cet hiver, elle continue son apport génial à la littérature jeunesse avec son deuxième roman : L’amie de mon père.
Maria ne connaît pas beaucoup son père Tom. Pour renouer avec lui, elle décide de passer un été dans sa communauté autochtone, dont elle ne connaît pas grand-chose. Peu de temps après son arrivée, elle rencontre Kukuminash, une aînée aux airs de sorcière. Cette dernière fait voyager Maria dans le temps afin qu’elle enquête sur un drame qui a secoué la communauté et, par la même occasion, renoue avec son père à l’adolescence.
Ce roman aux accents de Retour vers le futur est très réussi. Son rythme épouse à la perfection l’histoire. On se rappelle que Envole-toi, Mikun était écrit avec douceur et sensibilité, et c’est encore le cas avec ce deuxième titre. Cependant, cette fois-ci, Bacon ajoute le suspense et l’action à son arc. On voit rapidement que l’autrice peut aisément passer d’un genre à l’autre et que la qualité de son travail reste toujours intacte. On n’a pas le temps de s’ennuyer dans ce roman tant c’est bien écrit.
En plus d’être une bonne histoire, L’amie de mon père touche à plusieurs thèmes sensibles dont il faut absolument parler. L’autrice aborde la vie dans les communautés autochtones, le désir de retrouver son identité effacée, les pensionnats et les relations familiales. C’est un texte extrêmement riche en réflexions. De plus, ces réflexions sont toujours faites sous le couvert d’actions entreprises par Maria. On ne s’ennuie donc jamais. On agit et on réfléchit en même temps.
Puis, Bacon joue avec le métissage entre le moderne et le traditionnel dans son histoire, ce qui rend l’œuvre immensément intéressante. Maria se retrouve certes en 1982, mais on ne se trouve pas dans la nostalgie. Nous sommes davantage dans l’apprentissage. Elle se frustre de ne pas avoir son téléphone sans tomber dans les plaintes somme toute clichées contre la technologie. Elle se concentre sur sa quête. Elle voyage dans le passé grâce à une aînée, mais nous ne sommes pas dans les élans spirituels traditionnels. Tout est outil d’introspection pour l’adolescente. C’est vraiment un bel équilibre que Bacon a trouvé.
Bref, L’amie de mon père est un excellent roman pour les adolescents·es du premier cycle du secondaire. C’est enlevant, pertinent et profond. Nous attendions le deuxième roman de Moira-Uasteskun Bacon avec impatience et maintenant qu’il est dévoré, le constat reste le même : cette autrice se hisse parmi les plus grands talents de sa génération.
- Autrice : Moira-Uasteskun Bacon
- Éditions : Hannenorak
- Parution : 17 mars 2025
- Pages : 168 pages
Crédit photo : Patrice Sirois
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