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La soif que j’ai 

***coup de coeur*** 

Boucher élève seul sa fille d’un an, Flavie. Pour gagner son pain, il vend des chars, mais aussi de la dope à des résidents d’un immeuble pour personnes âgées. Par chance, il peut compter sur une collègue de sa blonde décédée pour l’aider avec Flavie quand ça va moins bien ou quand le besoin de boire devient trop grand:  

“Elle se fâche quand je les lui enlève, évidemment, elle exige tout-tout-de-suite. La fille à son père! Vite résignée à les manger une à la fois, Flavie pointe les mouettes dehors avec son burger en couinant de bonheur. La vitre est beurrée. Bof, ça se lave. Pis elle semble heureuse. C’est ça qui m’angoisse à cœur de jour ; si on peut avoir deux minutes de paix, on va les prendre.  
Je mange une couple de frites, je bois du jus de pomme, mais ça le fait pas. C’est la soif que j’ai.”
– p.11 

Le lecteurice oscille entre détester et aimer le personnage principal. Quand il visite les personnes âgées pour leur vendre de la drogue, on sent une réelle empathie de Boucher pour ceux-ci, surtout Camirand, un vétéran de la guerre de Corée qui fait la pluie et le beau temps au centre. Les deux personnages ont une complicité bien sentie. Aussi, on peut ressentir tout l’amour que le père a pour sa fille, il l’aime véritablement, mais il a trop peu de ressources pour en prendre soin adéquatement. Il ne peut s’empêcher de boire et de multiplier les frasques au travail comme dans sa vie personnelle. On se doute rapidement que l’histoire ne finira pas bien malgré le bon vouloir des intervenant·es et des proches de Boucher. 

La soif que j’ai se lit d’une traite. Il est presqu’impossible de mettre ce récit sur pause. À la fin, je ne savais plus si je souhaitais que Boucher conserve la garde de sa fille ou non. Une chose est certaine, ce livre ne peut pas laisser personne indifférent. On plonge au cœur des adultes qui ne l’ont pas eu facile, qui souhaitent se reprendre, mais manquent cruellement de ressources. On ne peut que respecter les intervenant·es qui épaulent ceux-ci tous les jours. Allez lire ça, ça vaut la peine! 

  • Auteur: Marc-André Dufour Labbé 
  • Maison d’édition: Cheval d’août 
  • Parution: 25 mars 2024 
  • Nombre de pages: 158 

Crédit photo: Valérie Ouellet 

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