Dans le Suffolk, en Angleterre, un fils et son père tentent de survivre à la mort de la mère et de l’épouse. Dans des journées interminables de labeur au cœur de la campagne anglaise avec les mêmes visages jour après jour, cette femme aimée les hante. Le lecteurice suit ainsi, à tour de roule, Vale, le fils et Landyn, le père, sur la terre familiale tentant aussi bien que mal de surmonter cette perte.
On n’est pas hanté par ce qui nous fait peur, mais par ce qu’on désire. Si on n’est pas attiré par la chose qui nous poursuit, alors ça reste une chose, ou une personne, ou une renarde, peut-être, et qui ne signifie rien de plus. Ce qu’une apparition représente, c’est le désir qu’on a pour quelqu’un dans une forme autour de laquelle on peut enrouler son cerveau.
– p.254
Un jour, après une cuite au pub du village, Vale et Tom, son presque frère, ont la très mauvaise idée de voler une embarcation et de partir en mer. Saouls, transis de froid, ils ne s’en sortiront pas indemnes. Au-delà des blessures physiques, des blessures beaucoup plus profondes ressortiront et auront du mal à guérir.
J’ai adoré ce roman qui appelle le lecteurice à la lenteur des longs jours dans la campagne anglaise, à la simplicité des tâches ordinaires, mais aussi à de vives émotions vécues par des hommes de peu de mots où la vue d’une renarde, le choix des poules, les marches en forêt deviennent une discussion, une engueulade, un pardon. L’autrice et la traductrice ont réussi un tour de force : nous faire comprendre la force d’une relation père-fils que tout aurait pu briser, la sincérité d’une amitié au-delà du drame.
- Autrice: Fiona Melrose
- Traductrice: Edith Soonckindt
- Maison d’édition : Quai Voltaire/La table ronde
- Parution: 12 mars 2018
- Nombre de pages: 258
Crédit photo: Valérie Ouellet