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La malentendue

Cécilia est avocate. Brillante, dynamique, fonceuse, intelligente, elle a tout pour réussir. Grâce à sa famille aimante, des amis fidèles quoiqu’un peu pantouflards, et une motivation sans limite, elle est prête à déplacer des montagnes. Et voilà qu’un jour, ce bel homme fait apparition dans sa vie. Sûr de lui, Abel parle beaucoup, connaît plein de choses, a l’air absolument parfait. Dès les premiers instants, c’est le coup de foudre. Les deux amoureux commencent une vie faite de rires et de complicité, de partages et de projets. Mariage, enfant, appartement, carrière, tout défile à une rapidité exemplaire. Sauf que rapidement, le vide se fait autour d’eux, Cécilia ne semble plus jamais faire les bons choix, et les critiques pleuvent… ainsi que les coups.

Sauf qu’après les premières insultes et violences, viennent toujours les câlins, les excuses, les critiques voilées. Et Cécilia n’y voit plus clair. À ses yeux, il est impossible d’être à la fois brillante avocate et victime de violence conjugale. En plus, il va changer, c’est certain. N’est-ce pas ça, l’amour, quelques sacrifices, la fidélité, la croyance que l’autre ne nous veut que du bien ? Avant de s’en rendre compte, et sous nos yeux dévastés, la jeune femme va se retrouver enfermée dans un engrenage dont il sera si difficile et dangereux de sortir.

Yolaine Destremau témoigne avec La malentendue d’une fine connaissance du phénomène si insidieux qu’est la violence conjugale. Elle nous fait assister à la destruction de l’héroïne avec un talent certain… et c’est brise-coeur. Entre la violence psychologique et les coups, les lecteur·rices sont tenus en haleine jusqu’à la dernière page, même en sachant que rien ne peut « bien » finir dans un contexte pareil. Le rythme est fort, le style fin et le réalisme du récit terrifiant. J’ai particulièrement apprécié comment Destremau nous fait délicatement comprendre non seulement la souffrance de Cécilia, mais aussi les risques qu’elle prend quand elle essaye de s’en sortir, mettant ainsi en valeur l’extrême difficulté de quitter l’homme un jour aimé, et désormais terrifiant prédateur.

Un roman douloureux, mais bien construit, solide et réussi.

Crédit photo : Annick Lavogiez

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