Littérature québécoise Quoi lire?

Dans la lumière de notre ignorance

Marianne Marquis-Gravel signe ici son premier livre, un ouvrage qui nous secoue, qui nous fait pleurer, mais qui nous invite aussi à profiter de chaque moment complètement. Alors que le livre commence avec une magnifique histoire d’amour où deux enseignants de littérature se trouvent et espèrent toujours vivre heureux et, peut-être même se reproduire, la mort s’invite. Après quelques semaines, Simon recevra un diagnostic d’une tumeur au cerveau. Ils lutteront ensemble et chemineront à travers l’espoir jusqu’à la fin inévitable.  

C’est un roman magnifique, mais troublant. L’autrice écrit au « tu » qui nous permet d’entrer dans leur intimité, mais l’intimité d’une personne atteinte d’un cancer au cerveau n’est pas toujours belle. Alors qu’il perd certaines fonctions cérébrales: la parole, l’écriture et la lecture, il ne perd aucunement sa lucidité, du moins au début. On comprend alors la grande détresse, la grande colère de ne pouvoir exprimer ce qu’il veut, ce qu’il ressent. Il y a des passages difficiles à lire, douloureux, mais je dois dire que Marianne Marquis-Gravel réussit à entourer ces derniers moments avec l’homme de sa vie de douceur, de bienveillance et d’amour inconditionnel et ça nous pousse à continuer avec elle. J’ai adoré ce livre, mais je n’en suis pas sortie indemne totalement, il est de ceux qui laissent une marque.  

Merci pour l’histoire, pour la prose. Je vous laisse avec des extraits tous plus beaux que les autres malgré la grande douleur qu’ils contiennent:  

Quel mot utiliserai-je quand je parlerai de toi après qu’il y aura eu toi ? J’ai l’impression que je n’arrive qu’à te penser au présent ou au futur. Dans mon cœur, tu es et tu seras. Jamais je ne pourrai dire que tu étais. Le dictionnaire ne comporte aucun terme juste pour qualifier un être aimé et qui meurt en aimant.

– p. 151

Laisse-moi te raconter, Simon, ce que nous étions. Ce que nous étions avant de savoir, avant d’être fauchés de notre avenir. … Je me souviens de notre légèreté. Nous étions plus, nous étions bulle, nous étions souffle et azur. De ces soirées enivrantes, boulimie de cinéma et quitessence d’alcool. Fous rires à en perdre le souffle, expansion spirituelle et absorption de l’autre et par l’autre. 

– p. 203
  • Autrice: Marianne Marquis-Gravel 
  • Maison d’éditions: Leméac 
  • Parution: 21 septembre 2022 
  • Nombre de pages: 224 

Crédit photo: Valérie Ouellet 

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