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Ces hommes qui m’expliquent la vie

Ces hommes qui m'expliquent la vie

J’avoue avoir été charmée par le titre qui résonne et respire, inévitablement, le mansplaining (bien que Solnit elle-même ne soit pas certaine d’être en accord avec le terme). Le mansplaining ou, pour reprendre les mots de l’auteure, Ces hommes qui m’expliquent la vie, c’est, pour les femmes,

cette arrogance qui leur met des bâtons dans les roues, quel que soit le domaine ; c’est ce qui les empêche de prendre la parole ou d’être entendues quand elles osent le faire ; c’est ce qui réduit les jeunes femmes au silence en démontrant, comme le fait le harcèlement de rue, que ce monde n’est pas le leur (Solnit, p. 14).

L’auteure débute avec un article qui relate sa rencontre avec un homme riche qui lui a parlé longuement d’un livre « très important » sur Edward Muybridge en ne lui laissant pas la place pour intervenir ou pour s’expliquer. Un livre extraordinaire que l’homme avait vu dans les sorties littéraires du New York Times. Un livre que son interlocutrice devait absolument lire, mais qu’il n’avait, en réalité, jamais ouvert. Un livre dont l’auteure n’était nulle autre que… Solnit elle-même.

Exemple flagrant de mansplaining : expliquer ce que les femmes savent déjà. Ou savent même bien mieux.

Ce que j’ignorais, toutefois, c’est que ce livre de Rebecca Solnit parlerait de bien plus que de mansplaining. Qu’il serait constitué de plusieurs de ces articles féministes publiés au fil des années. Qu’il aborderait des sujets cruciaux et fondamentaux tels que la culture du viol, le harcèlement sexuel, les relations de pouvoir, la violence conjugale, les armes à feu, les inégalités économiques. Qu’il parlerait de son amour pour Virginia Woolf. Qu’il donnerait des chiffres, des statistiques. Puissantes et violentes. Nécessaires. Mais parlerait aussi de l’importance de la marche, de l’esprit en mouvement, de la réflexion. D’embrasser l’ignorance et de ne pas tout interpréter.

Rebecca Solnit est l’une de ces auteures qu’il fait bon de lire. Parce qu’elle est optimiste sans toutefois être naïve. Parce qu’elle critique, dénonce, s’insurge. Mais reconnait aussi les avancées et aspire en l’avenir. Parce qu’elle met des mots, nécessaires, sur les actions, les violences et les agressions.

Parce qu’elle amène à réfléchir.

Et à continuer cette bataille.

 

  • Autrice : Rebecca Solnit
  • Date de parution : 2 avril 2018
  • Éditeur : Éditions de l’Olivier
  • ISBN : 9782823612585

 

Crédit photo : Mylène de Repentigny-Corbeil

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