Katherena Vermette est, entre autres, une poète et romancière métisse de Winnipeg. Elle a remporté le Prix littéraire du Gouverneur général pour son premier recueil de poésie en 2013, North End Love Songs, mais est surtout connue pour son roman Lignée brisée, publié en 2016 et traduit par Mélissa Verreault en 2017. Ce printemps, Québec Amérique nous offre la suite du succès : Les femmes Stranger.
Les femmes Stranger reprend l’histoire de Ligne brisée là où elle s’est arrêtée, mais s’intéresse à la famille métis Stranger à laquelle appartient le personnage de Phoenix qu’on a rencontré dans le premier roman. Phoenix accouche et se dirige en prison, sa sœur Cedar déménage chez son père qu’elle ne connaît pas, leur mère Elsie combat sa dépendance et la grand-mère Margaret doit vivre avec la colère d’être éloignée de sa famille.
On retrouve la plume impeccable de Vermette (et la superbe traduction de Verreault) dans la suite du roman à succès. L’autrice dénonce les traumatismes avec une douceur désorientante. Elle traite l’acceptation de la douleur comme l’amertume d’un thé oublié. Les femmes ne sentent pas qu’elles ont d’autres choix que d’accepter le racisme systémique envers la population métis, de passer les traumatismes intergénérationnels et la violence quotidienne. Malgré tout, les femmes Stranger cherchent toujours une lueur d’espoir qui leur permettrait de traverser un hiver manitobain supplémentaire.
Si Ligne brisée traitait d’une enquête au centre de laquelle se trouvait un meurtre, Les femmes Stranger mise davantage sur le quotidien des femmes : la vie en prison de Phoenix qui espère voir son enfant maintenant en adoption, la lutte contre la dépendance d’Elsie, la nouvelle vie de famille de Cedar et l’ennui ordinaire mais intarissable de Margaret. L’histoire raconte la misère réelle des femmes métis, sans glorification ou exagération. C’est le regret, la trahison et la séparation qui s’étalent sur quatre générations.
Malgré toute la lourdeur, on se reconnaît aisément à travers les personnages. C’est sans doute la plus grande qualité de l’écriture de Vermette. Elle est si authentique que quiconque met la main sur ces pages pourra s’y retrouver. Vermette parle d’une famille précise, mais au fond, elle parle de tout le monde.
Vraiment, Les femmes Stranger est une œuvre qui prouve une fois de plus que Katherena Vermette est une voix extraordinaire au pays.
- Autrice : Katherena Vermette (traduction Mélissa Verreault)
- Éditions : Québec Amérique
- Parution : 28 mars 2023
- Pages : 472 pages
Crédit photo : Patrice Sirois