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Armer la rage – Pour une littérature de combat

J’imagine cet essai comme un combat. Je voudrais écrire un essai-colère, un essai-rage. Qu’il soit reçu comme une avalanche de coups. Entre chaque phrase, il faudra visusaliser une énergie qui se déploie. Il faudra voir les muscles de mes cuisses se contracter, mon centre de gravité s’abaisser et mes poings en position de garde.

– p. 5

Dans Armer la rage – Pour une littérature de combat, Marie-Pier Lafontaine explore les traumas que nous vivons. Nos traumas personnels, nos traumas collectifs. Les siens, les nôtres. Probablement les vôtres. À partir de ses multiples expériences et de ses nombreuses lectures, elle dresse un portrait terrifiant de la culture du viol omniprésente dans notre société patriarcale qui ne fait qu’apprendre aux filles à se protéger (mais pas trop), et non aux garçons à respecter.

(Sur)vivre dans une société qui a pour centres gravitationnels la culture du viol et la suprématie blanche traumatise tous les sujets qui en sont les potentielles victimes.

– p. 44

Dans un style intime, renseigné, pertinent, percutant, Marie-Pier Lafontaine fait le tour de la violence vécue par les femmes, au quotidien, dans la rue et dans les commissariats, dans les familles et les écoles, à la télévision et au cinéma. Ce qui constitue nos traumas insidieux et ce qui réveille nos peurs. Ce qui nous paralyse et nous fait pleurer, rager. Avec un talent incroyable, elle nous offre avec un essai unique, authentique et intelligent qui se finit avec brio sur les liens entre l’écriture et la rage, la violence, la reprise de pouvoir.

J’ai les rétines tapissées d’angoisses, de lésions, de brulures, de sang. J’ai été témoin toute ma vie des couleurs que prennent les contusions, et encore aujourd’hui ça continue.

– p. 30

J’ai lu Armer la rage – Pour une littérature de combat avec un crayon et je crois avoir annoté toutes les pages. Quand je n’ai pas annoté, j’ai corné. Je suis revenue en arrière, j’ai relu des paragraphes, j’ai photographié et partagé des pages sur les réseaux sociaux, j’en ai parlé à mes amies. Tous. Les. Jours. J’ai été tellement habité par ce texte que j’ai eu du mal à m’asseoir pour écrire dessus. Je le suis encore : habitée. Cette expérience de lecture est incomparable à toutes mes expériences précédentes.

Même si Je est la somme de ses traumas, il n’en demeure pas moins que, dans l’écriture, c’est Je qui donne les coups.

– p. 68

C’est une lecture essentielle. Pour. Tout. Le. Monde. Je vous souhaite de vous lancer, vous ne le regretterez pas.

  • Autrice : Marie-Pier Lafontaine
  • Maison d’édition : Héliotrope
  • Date de publication : 16 mars 2022
  • Nombre de pages : 110

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