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Que veulent les véganes?

Étant végétarienne depuis plus de dix ans et me rapprochant en douceur vers un mode de vie végane, c’est d’abord par intérêt, mais aussi par son titre accrocheur que je me suis procurée le récent ouvrage d’Alexia Renard et de Virginie Simoneau-Gilbert. Or, même après plusieurs années à me sensibiliser à la cause animale et leur bien-être, sa lecture m’a permis d’en apprendre davantage : qui aurait cru que Pythagore, Rousseau et Voltaire défendaient déjà le végétarisme à leur époque? 

Paru tout récemment et publié aux éditions Fides, l’ouvrage dresse un portrait du mouvement animaliste. Les autrices nous rappellent d’emblée que c’est à partir de la Renaissance, entre autres grâce à l’usage progressif de la fourchette, que notre rapport à la viande s’est transformé. Ainsi, par la création d’abattoirs, on tente de plus en plus d’oublier qu’un morceau de viande est en fait le cadavre d’un animal et ainsi, éloigner l’humain de la violence utilisée dans le processus de mise à mort. C’est en réponse à ce traitement cruel que la première organisation de protection des animaux est créée, soit en 1824, et qu’apparaît le discours sur le droit des animaux dès le vingtième siècle.  

Le mouvement végane que nous connaissons de nos jours s’est développé à partir des années 1980. Aujourd’hui, ce sont entre 68% et 80% des membres du mouvement qui sont des femmes. 8% sont des Noir.e.s américain.e.s sont véganes ou végétarien.ne.s comparativement à 3% de la population générale et une personne végane sur six est âgée de moins de dix-huit ans, nous apprend-t-on. D’ailleurs, les revendications du mouvement végane sont certes légitimes. Comme le rappellent les autrices, le traitement des animaux dans les abattoirs et fermes d’élevage n’a rien de rose et les conséquences de l’élevage intensif sur l’environnement sont non négligeables: surutilisation de l’eau et sa pollution; émissions de gaz à effet de serre; usage des terres, etc. À cela, elles ajoutent notamment que 77% de la production mondiale de soja est destinée aux fermes d’élevage et la production d’un kilogramme de viande de bœuf nécessite pas moins de 15 000 litres d’eau. Voilà deux données qui dérangent!

Les autrices se penchent aussi sur l’exploitation animale et sur cette domestication de l’animal par l’humain, toutes deux traduisant la relation de domination que ce dernier exerce sur les autres êtres vivants. Leur analogie aux sociétés esclavagistes qui utilisaient des pratiques similaires et le rôle de l’animalisation dans la grande majorité des génocides sont particulièrement frappantes. Bref, cet ouvrage est un incontournable de 2021! 

  • Autrices : Alexia Renard et Virginie Simoneau-Gilbert 
  • Nombre de pages : 199 
  • Date de parution : 3è trimestre 2021  
  • Éditeur : Groupe Fides inc. 

Crédit photo : Kathryn Blanchette 

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