Littérature étrangère

Monk

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Avec le printemps arrivent les affiches des festivals qui se tiendront chez nous durant l’été. La réputation du festival de jazz de Montréal n’est plus à faire; l’évènement a atteint depuis longtemps la reconnaissance internationale.  Histoire de se mettre dans l’ambiance, pourquoi ne pas lire la magnifique biographie du génial pianiste et compositeur Thelonious Sphere Monk (1917-1982), par le jazzman et écrivain français Laurent de Wilde.

On découvre un jeune homme d’origine modeste, brillant et doué pour la musique. Né à New York, Thelonious n’est pas pressé de conquérir la ville du jazz comme les jeunes loups qui arrivent de l’extérieur. On se rend compte très tôt que ce garçon ne fera pas les choses comme tout le monde. Musicien autodidacte, il n’aura jamais de technique classique; iconoclaste et entêté, on dira de lui qu’il joue du Monk, point à la ligne. C’est ainsi que, bien que son génie soit rapidement reconnu de ses pairs, il devra attendre ses quarante ans avant de toucher le cœur du public.

Excellent vulgarisateur, Laurent de Wilde réussit à expliquer dans une langue simple l’impact musical de Monk sur la mouvance du jazz de la fin des années 40, dans les styles swing, bebop et hard bop, déjà défendus par les musiciens vedettes que sont Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Miles Davis et bien d’autres. L’auteur trouve les mots justes pour décrire l’enthousiasme des artistes, le foisonnement des idées et l’énergie créatrice de l’époque. Il communique son amour de la musique de Monk en rapportant ce que les musiciens ont vécu alors qu’ils partageaient les séances d’enregistrements et les concerts avec le maître. Que ce soit l’originalité des thèmes, la difficulté harmonique ou rythmique, le tempo de certaines pièces, tout est analysé et expliqué de manière savoureuse. Il raconte comment les femmes dans la vie du musicien ont été d’une grande bienveillance, à commencer par sa mère qui l’a encouragé à suivre sa passion pour la musique; sans compter le support que son épouse Nellie a su lui apporter tout au long de sa vie, lui qui souffre de maladie mentale et que la consommation excessive de drogue n’aide pas.

De Wilde dresse un portrait social en évoquant le lien serré entre la lutte des noirs au États-Unis et le milieu de la musique, ainsi que l’exploitation des artistes par les grandes compagnies de disques. L’auteur nous entraîne donc dans le tourbillon de la vie de Monk jusqu’à la reconnaissance absolue à la fin des années 60,  pour faire place par la suite au déclin puis au silence. Aujourd’hui encore de grands musiciens comme les pianistes Chick Corea et Vijay Iyer continuent de faire vivre sa musique, toujours actuelle et pertinente. Il y a fort à parier qu’on l’entendra encore longtemps.

 

 

 

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