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Mégantic – un train dans la nuit 

À la première page tournée, j’ai déjà des frissons. Les mots et les illustrations me poignent. Cette tragédie, dont on connait déjà la fin,revisitée et expliquée de façon rigoureuse par Anne-Marie Saint-Cerny, nous fait remonter en 2012, près d’un an avant ce fameux 6 juillet 2013, pour nous faire comprendre ce qui s’est réellement passé. Les images et couleurs de Christian Quesnel ne font qu’ajouter à l’ambiance à la fois terrible et magnifique. 

 Il y a des hommes, mon enfant, qui sèment les ruines et la peine sans même un frisson de gêne. Leur ombre s’est posée sur notre petite ville. Et le lac a gelé malgré l’été. Ils ignoraient ton existence, ta vie, ton nom… Ils l’ignorent sans doute encore… Tu te souviens du choc ?  

La bande dessinée Mégantic est divisée en deux deuils. Le premier deuil est toute l’histoire du drame jusqu’à l’explosion, jusqu’aux morts — qui auraient pu être évitables, faut-il le répéter. La recherche exhaustive de l’autrice jointe aux incroyables illustrations de Christian Quesnel, nous replonge dans le drame, mais surtout nous apporte ce nouvel éclairage qui change tout. Le deuxième deuil est la gestion du drame par les différents paliers de gouvernement qui ont profité de la tragédie pour faire passer leurs plans d’urbanisation sans réelle consultation publique, laissant des gens défavorisés dans un état encore plus précaire… si c’est possible. C’est aussi le deuil d’un réel changement, d’une prise de conscience qui aurait pu avoir lieu pour éviter d’autres drames. Mais dans cette histoire, comme trop souvent, les profits gagnent avant l’humanité. Si le premier deuil choque, le deuxième nous laisse un goût amer.

Oui, cette bande dessinée est dure, mais tellement nécessaire. Je voudrais que tout le monde puisse y avoir accès et, qu’ensemble, on demande, on amorce un réel changement. Pour ça, il faudra demander, questionner, harceler nos politiciens et peut-être aussi vendre certaines actions en bourse si on veut être conséquent avec nos valeurs. 

À la toute fin de la bande dessinée se trouvent la liste des gens décédés lors de la tragédie, un texte d’Anne-Marie Saint-Cerny intitulé « Mégantic, le triste récit d’un conte capitaliste parfait », un « en vrac » et des fragments documentaires magnifiques sur le choix des images, l’inspiration, la provenance des archives ayant contribué à l’ouvrage. 

  • Autrice : Anne-Marie Saint-Cerny 
  • Illustrateur : Christian Quesnel 
  • Maison d’édition : Écosociété, collection Ricochets 
  • Nombre de pages : 96 

Crédit photo : Valérie Ouellet 

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