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L’oeuvre au noir

L'oeuvre au noir

L’action du roman l’Œuvre au Noir se situe au XVIe siècle, durant la période où le Moyen Âge entre en conflit avec la Renaissance. Marguerite Yourcenar (première femme à être élue à l’Académie Française) nous fait suivre les tribulations de Zénon Ligre, alchimiste et médecin. Le récit défile sur fond d’inquisition alors que la peste sévit dans une grande partie de l’Europe. Esprit critique en quête de savoir, philosophe humaniste, scientifique, Zénon ne correspond pas au modèle du «  bon fidèle » souhaité par l’église.

Ce roman d’une incroyable densité trace le portrait de la société européenne au début de la Renaissance. Que ce soit le cousin militaire, poète et bon vivant, ou l’oncle banquier et bourgeois, tous les personnages du clan Ligre dépeints par l’auteur nous permettent de saisir le climat économique, politique et religieux de l’époque. Plus près de nous, lorsqu’on pense aux dérives de l’intégrisme religieux, ou encore comment les chercheurs et scientifiques canadiens étaient jusqu’à tout récemment muselés par le gouvernement conservateur, on comprend que ce roman est criant d’actualité.

Le roman est divisé en trois parties : La vie errante, La vie immobile et La prison.

On suit Zénon dans ses déplacements à partir de Bruges où il vit jusque là. Dans les pays scandinaves, il soignera un roi. Au Moyen Orient, il échangera avec des mathématiciens. Il publiera des écrits scientifiques qui seront mal reçus par une société dominée par l’obscurantisme religieux. Zénon est de toutes les nouveautés. On est impressionné par sa capacité de travail. Il participe à l’invention de nouvelles machines qui deviendront les métiers à tisser, il soigne la peste et il s’interroge sur le mouvement des planètes. Partout où il passe, il doit quitter prestement, car tôt ou tard, sa tête est mise à prix.

Il revient à Bruges sous un faux nom, car ses écrits et sa réputation d’homme libre font de lui un personnage suspect aux yeux du pouvoir inquisiteur. Il trouve un travail de médecin dans un couvent et devient un des proches du prieur avec lequel il aura des échanges d’idées des plus intéressants.

À Bruges on le reconnaît et petit à petit l’étau se resserre sur l’homme de science. Suite à des évènements troubles il se retrouve en prison où il sera jugé par le tribunal d’inquisition. Il sent sa fin proche.

Marguerite Yourcenar, écrivaine rigoureuse d’une grande érudition, insère continuellement dans son texte des évènements tirés de faits historiques. À cet égard, la partie « Note de l’auteur » à la fin du roman est très intéressante.

Le roman a été porté à l’écran par le cinéaste belge André Delvaux en 1988.

 

  • Auteur : Marguerite Yourcenar
  • Nombre de pages : 384 pages
  • Éditeur : Gallimard
  • Année de parution : 1968
  • ISBN: 9782070367986
  • Provenance du livre : Emprunté d’une amie pour une première lecture et acheté par la suite à la librairie l’Échange.

 

Crédit photo: Françoise Conea

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  • Luc Simard
    1 novembre 2016 à 11:30 am

    Du grand art, comme si souvent avec cette sublime auteure!

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