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Les romans noirs suédois

Les romans noirs

Nous avons tendance à percevoir les polars comme de simples divertissements, ayant comme seule qualité celle de pouvoir nous tenir en haleine durant de longues heures. Comme si lire ces histoires sordides et mystérieuses ne pouvait contribuer à notre compréhension du monde, mais seulement à nous en distraire. Il est vrai que la qualité d’écriture de certains d’entre eux, notamment les plus commerciaux promus par certains agents littéraires à succès, peut laisser à désirer. Toutefois, les romans noirs suédois se placent généralement dans une catégorie à part. Plus que des plaisirs coupables, les polars issus de ce qu’on appelle l’école suédoise présentent une critique sociale virulente vraiment digne d’intérêt.

On doit le renouvellement du genre à Maj Sjöwall et Per Wahlöö. Loin des histoires de détectives qui ne visent qu’à trouver un coupable, le couple résolument à gauche a fait des polars un instrument de dénonciation. En 10 ans, le duo tente de nous montrer la réalité méconnue, à milles lieux du modèle idyllique que l’on se fait du paradis scandinave.

À partir de la mort de l’écrivain Wahlöö en 1975 (après la publication de 10 polars avec sa conjointe Sjöwall) le roman noir suédois fait école. On retrouvera bien sûr des enquêtes pleines de rebondissements. Mais à travers des meurtres toujours glauques, ce sont plutôt les dérives de la société suédoise qui seront mises en lumière. Les puissants et les dominants y sont louches, ils étouffent assurément un passé sordide. L’histoire nazie, l’extrême droite toujours vivante, la soumission à l’autorité, le puritanisme de surface, la montée du racisme, la corruption et la violence sexuelle sont autant des tabous sociaux, constituant les thèmes de prédilection des romans noirs scandinaves. La trilogie Millénium de Stieg Larsson nous démontre que les élèves ont bien compris les leçons : les ventes totalisent plus de 50 millions d’exemplaires.

On les appelle donc les romans noirs. Mais à leur lecture, il devient évident qu’ils tentent de porter au grand jour les côtés les plus sombres de ce que les auteurs considèrent comme la trahison du modèle social scandinave. En écorchant l’image que l’on a de la Suède, ces romans dénoncent ce qui se vit autrement à portes closes, sans qu’on en parle et nous présentent une vision glaciale de la société.

À lire sans gêne ni honte, pas seulement pour se divertir, mais aussi pour contribuer à exorciser les fantômes qui hantent les bas-fonds des paradis nordiques.

 

Crédit photo: Caroline Dawson

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