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Il pleuvait des oiseaux

Il pleuvait des oiseaux est un roman-hymne à la liberté très puissant. L’histoire débute avec le personnage de la photographe (j’ai cru déceler l’autrice dans ce personnage…) qui cherche à rencontrer et à immortaliser les survivants des Grands Feux du nord de l’Ontario qui ont eu lieu au début du XXe siècle. Ces feux sont la trame de fond du récit. Le titre en est inspiré puisque pendant les feux, les oiseaux tombaient du ciel, manquant d’oxygène. Cette anecdote racontée par une dame qui l’aura ensuite oublié nous transmet l’horreur des évènements, mais aussi la fragilité de la mémoire individuelle et collective : 

« Après la parution du livre, celle qui a couru les évènements littéraires pour le présenter aux quatre coins du monde, de Paris à Port-au-Prince, en passant par Dakar, retourne à Matheson. « Je suis retournée voir cette dame-là et je lui ai dit que j’avais écrit ce livre-là et que le titre venait d’elle, de ce qu’elle m’avait raconté et je voulais la remercier. Et elle m’a dit : « J’aimerais tellement ça me rappeler que je vous ai rencontrée. »

– p.

Dans le livre, la photographe cherchera à rencontrer à tout prix un des survivants qui revient constamment dans les récits des autres : l’énigmatique Edward ou Ted ou Ed « Boychuck ». Elle arrivera malheureusement quelques jours trop tard pour faire connaissance, mais fera la découverte d’attachants personnages âgés qui l’ont côtoyé. Des vieux et une vieille qui, grâce à la complicité de quelques personnes, vivent cachés en marge du système. Ils ont décidé de vieillir à leur façon : libres. Ces « vieux » se nomment Tom (ancien alcoolique, un peu bordélique, un peu ermite), Charlie (qui vit sa deuxième vie, sa deuxième chance, le trappeur, l’homme des bois, le joueur de cartes) et Marie-Desneiges (qui a été enfermée dans un asile à l’âge de 16 ans et qui en sortira plus de 60 ans plus tard, fragile et pourtant si forte). 

L’histoire non seulement raconte un évènement historique tragique et malheureusement peu connu, mais réussit à nous faire rêver à une vieillesse douce, passée au rythme lent du nord et surtout gérée à leur façon. J’ai refermé ce livre en souhaitant que nous puissions tous vieillir de cette façon-là.  

Ce livre m’a aussi fait réaliser à quel point les souvenirs de nos aînés sont importants et que nous devrions sûrement prendre encore plus le temps pour écouter leurs vécus. De prendre le temps aussi de savoir ce qu’ils veulent vraiment, de ne pas oublier que nous serons tous dans cette position un jour. 

Il pleuvait des oiseaux est adapté au cinéma sous le même titre. Un film réalisé par Louise Archambault avec Andrée Lachapelle dans le rôle principal de Marie-Desneiges. Je compte bien le visionner, mais une chose est certaine, film ou pas, ce récit va m’habiter longtemps. 

  • Autrice : Jocelyne Saucier 
  • Maison d’édition : XYZ 
  • Date de parution : 2011 
  • Nombre de pages :  179 pages 

Crédit photo : Valérie Ouellet 

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